Comme je suis un vieux, je découvre plus ou moins sur le tard tout ce mouvement de gens qui écrivent ici ou là sur le net et publient leurs oeuvres. Si du côté anglophone on a FictionPress, du côté francophone, parmi les sites qui fonctionnent bien, on a WattPad.
Du coup, j’ai mis Eternity sur le site, vous pouvez le lire ici.
Ce qui m’amène à une réflexion intéressante. On est passés d’un Internet où chacun avait son pré carré, son site web où il pouvait publier ses oeuvres, à un Internet où des plate-formes (Youtube, Soundcloud, Deviantart, Wattpad…) mettent entre les mains des écrivains, vidéastes ou dessinateurs des outils pour publier leurs créations sans avoir à les héberger eux-mêmes. Les avantages dépassent largement les inconvénients pour nombre d’entre eux (déjà ne pas avoir à se faire chier à monter un site web…) ce qui est tout à fait compréhensible.
Rappelons aux informaticiens à poil dur que l’ordinateur est sensé être un outil au service de tous, et pas devenir un poids et une contrainte pour ceux dont ce n’est pas le métier. C’était en tous cas comme ça que c’était présenté et marketé dans les années 80. Je pense que beaucoup ont perdu de vue cet idéal.
Comme Youtube qui a plus ou moins inauguré la création de masse (et Fanfiction.net avant lui, pour -je vous le donne en mille- l’écriture de fanfictions), ça permet à tous de faire découvrir ses créations, fussent-elles bonnes ou moins bonnes. Le problème, quand on a trop de contenu (et encore une fois, FF.net l’a démontré avant tout le monde) c’est qu’on finit invariablement noyé dans la masse, ce qui n’est bénéfique pour personne. A une époque, avant Fanfiction.net, des créateurs de site web s’organisaient en Webrings (je sens que je viens de foutre un coup de vieux à beaucoup d’entre vous) et chacun gérait sa propre bibliothèque de fanfictions qu’il mettait à disposition des autres sur Internet. Le webmaster avait donc un rôle d’editeur vis à vis des fanfictions qu’il trouvait. Il pouvait ne publier que celles qu’il voulait bien publier. Du coup les visiteurs, qui venaient surtout parce qu’ils se retrouvaient dans les goûts du webmaster, étaient fidélisés à un site et une communauté se formait. Enfin, communauté c’est vite dit : il fallait s’y connaître pour aller sur IRC, installer ICQ ou même monter un forum à base de scripts Perl.
C’était la minute vieux con, tout ça pour dire que la façon dont on crée sur Internet a beaucoup évolué, en bien au final. Le souci c’est qu’il faut se vendre beaucoup plus qu’avant. Enfin je dis ça, mais quand je vois certaines histoires pas forcément très folichonnes faire pleurer de rage même le meilleur des auteurs traditionnels papier à cause du nombre de vues qu’elles génèrent (et qui se compte en dizaines voire centaines de milliers de vues, ouch.) comparé à leur piètre qualité, je me dis qu’un sujet populaire et porteur fonctionnera qu’importe la qualité.
Un peu comme tout ce qu’on a vu jusqu’à présent dans tous les types de média (cinéma, littérature, musique…)
C’est marrant comme l’histoire se répète.
Sur ce, je retourne à l’écriture du chapitre 5 !